La semaine des solidarités (ou la journée sans Travail Social)

Journée du 4 avril : c’est qui le pingouin qui glisse le plus loin ?

Le 4 avril 2024 avait lieu une grève nationale du Travail Social à l’appel de plusieurs syndicats et collectifs (FSU, SUD Santé Sociaux, FO action sociale, CGT santé et action sociale…). Plus de 15.000 grévistes ont manifesté dans près d’une centaine de villes en France : de Paris à Marseille en passant par Nantes, Bordeaux, Strasbourg, Lourdes ( !!!) et plein d’autres villes qu’on sait pas où c’est parce qu’on est nuls en géo parisiens !

Cette grève était soutenue par la Fédération des Acteurs de la Solidarité (FAS), parce que c’est la merde pour les employeurs aussi qui n’arrivent plus à recruter et, qui donc dans le secteur privé associatif « soutiennent les demandes de revendications salariales pour les professionnels du secteur ». Oui, vous avez bien lu : alors que les syndicats en étaient encore à demander le Ségur pour tous, les employeurs demandaient déjà l’augmentation du montant du Ségur jugé insuffisant pour rendre le secteur attractif et leur permettre de recruter sur les postes vacants !

A la DSOL, seul le SUPAP FSU a relayé cet appel à la grève du secteur social (de tous les salariés du secteur, qu’ils soient ou non travailleurs sociaux) et déposé un préavis de grève pour demander des mesures d’attractivité alors que, dans le secteur médico-social, 50.000 postes sont vacants, 150.000 départs à la retraite sont prévus d’ici 2025. 

Qui dit préavis de grève, dit audience avec la direction pour parler des revendications, et elles étaient nombreuses à la DSOL : du Ségur pour tous à la situation spécifique de certains services (ASE, ESPEX, EPS, CHRS…) en passant par le sens des missions. Des revendications vieilles comme le monde (éthique, comblement des temps partiels et mi-temps thérapeutiques, attractivité…) ou plus récentes (Jeux Olympiques, désertion totale des partenaires…).

On avait hâte de parler du Travail Social, d’avoir un temps dédié, c’était l’occasion ce préavis : on se doutait bien qu’on sortirai pas avec des miracles (genre la CNAV qui répond au téléphone ou un dossier AME traité dès le premier coup), mais le message des collègues sur le terrain serait passé.

Ou pas.

Parce qu’à la DSOL, ils ont pas le temps de parler travail social. Vraiment ils s’en battent les parties. Pas un membre de l’équipe de direction n’a pris la peine de se déplacer. Pas une conseillère technique ou membre du BSS, pas une personne en charge du travail social n’avait le temps de parler social à la veille d’une manifestation nationale prévue de longue date !

« Fichtre bleu qu’est-ce donc que cette histoire ?!! » avons-nous pensé (ou un truc dans le genre un poil moins poli). « Mais où sont donc passés tous ceux qui jurent à longueur d’année que le Travail Social est au cœur de leur préoccupations ? ».

a) C'est lépidémie de Gastro qui a décimé l'étage des Directeurs,

b) C'est la finale de la coupe du monde d'AquaPoney,

c) Jeanne est à l'escape Game, Jim fait le marché et Jacques fait un atelier Beat Box,

d) Le colonel Moutarde dans la cuisine avec le chandelier.

Et la bonne réponse est… C. Parce que c’était « La semaine des Solidarités », du coup y’avait plein d’évènements sympas à Paris pour dire que le social c’est génial. La direction étant en représentation, sourires avec facettes, photos avec pose de ouf, discours un poil pompeux, mains sur le cœur, bises aux élus, réunions en grandes pompes, toussa toussa, elle était pas dispo pour parler travail social.

CQFD : Voilà pour les priorités si elles étaient encore à démontrer. Ecouter les agents, prendre en compte leurs difficultés et demandes concrètes pour améliorer la pratique du travail social au quotidien : pas le temps. La vitrine prime encore et toujours sur la pratique.

Au SUPAP FSU, on sait que le social c’est génial. C’est pour ça qu’on le défend, c’est pour ça qu’on milite. C’est pour ça qu’on était en audience et dans la rue pour demander « les moyens (d’Etre) Humains ».

Alors bien sûr, nous avons eu une audience avec des membres de la sous-direction des ressources (RH), dont on vous résume le contenu :

• Y’aura pas d’argent (pas d’élargissement du SEGUR, pas d’augmentation des IFSE, plus d’ouverture de NBI, pas de prime JO ….).
• Y’aura peut-être un jour une prime de remplacement (comme elle existe déjà pour les SLRH) : la DSOL y est favorable et la soutient auprès des élus. Un jour peut être donc, les agents dont la charge de travail est impactée par les postes vacants, pourront percevoir une chtite compensation.
• Le nombre de postes vacants à la DSOL est bien supérieur à la moyenne de la ville.
• 10% des postes de la DSOL sont vacants et les concours sont déficitaires.
• Mais il faut y croire, la DSOL prend le problème à bras-le-corps et a même prévu de recruter une personne chargée de l’attractivité. Le problème est qu’à ce jour ce poste est… vacant (sans doute par manque d’attractivité).

Le 4 avril donc, c’était une journée importante pour les uns et une semaine de kermesses pour les autres. Dommage qu’on se soit ratés : à refaire !