Ségur : On peut oublier une fois, une personne...
On peut oublier une fois une personne
Ce qui est désormais couramment appelé « Ségur » sont des revalorisations des personnels (complément de traitement indemnitaire de 183€, revalorisation des grilles indemnitaires, nouvelles primes…), décidées à l’issue du « grand confinement ». Ces revalorisations s’accompagnent d’autres mesures (investissements, recrutements, formations…) censées faciliter et soutenir l’exercice de missions essentielles.
La crise sanitaire a en effet mis en lumière les difficultés dénoncées de longue date par le personnel hospitalier. Le manque de moyens, la superposition de PAC (Procédures A la Con), les conditions de travail dégradées et les SDM (Salaires De Misère) avaient eu raison de l’hôpital : un plan d’ampleur et d’urgence s’imposait… (En vrai, il s’imposait depuis longtemps mais il a fallu attendre le confinement pour qu’un Gouvernement réalise qu’on payait plus cher de l’heure les gens qui font des PowerPoint que ceux qui font des messages cardiaques. C’est ballot).
Le Ségur1 a donc été annoncé comme la solution miracle par le Gouvernement. Oui mais. Oui mais le Ségur ce n’est pas que des revalorisations, c’est aussi la réduction du temps de repos entre les périodes travaillées et le retour des 40heures dans la FPH, la mise en place d’une prime aux résultats (qui récompense les soignants qui vont vite au détriment des soignants qui prennent le temps d’êtres Humains !) et 15.000 embauches (quand 100.000 postes avaient été préalablement supprimés). Et bien sûr, le Ségur c’est aussi et surtout dès les premières annonces, des « oubliés ».
On peut oublier mille fois une personne
Du coup, non : le Ségur ne marche pas sur l’eau, il n’a pas fait de miracle. On voit bien aujourd’hui, à l’heure où les urgences ferment et où le Gouvernement doit re-re-re-réfléchir à un énième « plan en urgence », que ce Ségur était/est notoirement insuffisant. C’est pourquoi la FSU (toujours en mode Irma) s’était associée et avait soutenu les syndicats qui n’ont pas voté ce Ségur dès le départ. Certains reculs n’étaient pas acceptables et les avancées insuffisantes face à l’ampleur de la crise. On sait que les professionnels sont toujours contents d'avoir 183€ en plus mais on ne crie pas "youhou" quand le Ségur arrive dans un service (si y'a Ségur, c'est que ça pue niveau conditions de travail et postes vacants !).
Soyons clairs : dans les secteurs où le Ségur s’applique (ou s’appliquera s’agissant du médico-social), le rapport de force est favorable aux salariés. Les services ne recrutent plus, les employeurs sont dans une misère noire, les entretiens d’embauche sont inversés : ce sont les agents/salariés qui sont une denrée rare et précieuse et en position d’imposer leurs conditions. Non, nous n’abusons pas quand nous demandons plus, nous savons que les professionnels du médical, du médico-social ont des années noires devant eux :
- Il faut agir sur leurs conditions de travail pour les retenir
- Il faut agir significativement sur leurs salaires pour recruter et fidéliser.
D’ailleurs, la Fédération des Acteurs de la Solidarité (réseau d’employeurs du secteur social) juge elle-même « insuffisantes » les mesures du Ségur prises pour revaloriser les salariés du secteur social et médico-social. Vous lisez bien, oui, c’est un comble : actuellement les employeurs sont plus revendicatifs en matière de revalorisations salariales que certaines organisations syndicales !
Mais on ne peut pas oublier mille fois mille personnes
Ségur1, Ségur2, Ségur3, Laforcade1, Laforcade 2… Chaque extension du Ségur suscite davantage de divisions, d’amertume chez nos collègues et partenaires. Chaque décret joue à Jean-Michel Apeuprés et laisse sur le carreau des personnels essentiels, des secteurs en crise, souvent après des mois de suspens.
Pire, désormais le Ségur se limite à une prime de 183€ et il n’est plus question, lors de ses extensions, de travailler sur les conditions de travail (le sens du travail dans les services concernés) ou d’autres revalorisations en parallèle. Mais il est toujours bien question de compenser cette revalorisation par des dégradations : casse des conventions collectives dans le secteur privé, 312ème refonte des diplômes, redistribution des missions entre sociaux, administratifs et bénévoles !
Conclusion : Prenez un chewing-gum Emile !
Alors, faut-il attendre ou aller chercher l’extension de la revalorisation aux nouveaux oubliés du secteur social et médico-social et des mesures pour nos conditions de travail ?
Au SUPAP FSU, on vous donne un indice :
Le Ségur1 « oubliait » les agents hospitaliers, travailleurs sociaux et agents administratifs de l’hôpital. Un oubli depuis rectifié en réponse à la mobilisation de ces professionnels et au soutien de leurs employeurs (aux abois car ils n’arrivent pas à recruter).
Pour le SUPAP FSU, quand le Ségur arrive,
c'est que l'heure est venue d'aller chercher les vraies mesures pour sauver le secteur !
Nous appelons les agents de l'ensemble des services médico-sociaux à rester mobilisés pour leurs conditions de travail, de salaire et leurs collègues "oubliés" !