Conditions de travail en EPS ex SSP : Note d'assistantes sociales à l'attention de l'Assemblée Générale du 24 mai
Le mardi 24 mai, le SUPAP FSU et la CGT ont organisé une Assemblée Générale à destination des Travailleurs Sociaux du CASVP.
Lors de cette AG, les agents présents ont pu partager leurs constats, le quotidien dans leurs services et se préparer à la mobilisation nationale du 31 mai.
En amont de cet AG, des assistantes sociales ont fait parvenir aux organisations syndicales la note que nous publions avec leur accord ci-dessous:
Note à l’attention de l’Assemblée Générale du 24 mai : de la part de quelques travailleurs sociaux, qui risquent de ne pas être présents pour cause d’épuisement professionnel.
Nous profitons de l’Assemblée Générale des Travailleurs Sociaux du 24 mai, pour faire part des conditions de travail délétères auxquelles nous sommes confrontés.
Nous subissons quotidiennement des pressions de plus en plus fortes de la part de l’institution qui n’a de cesse de nous demander d’assurer de multiples tâches, impossibles à gérer, inutiles et incompatibles avec notre profession et notre emploi du temps. Ces sollicitations croissantes ne tiennent pas compte des exigences de notre métier, et dénotent d’un manque de respect et du mépris pour notre travail d’accompagnement auprès des usagers. Cette situation engendre des tensions au sein de l’équipe et crée du stress et de l’épuisement chroniques.
Chaque réunion d’équipe ou de service souvent organisée à la dernière minute, est l’occasion de nous dresser une liste de nouvelles missions, de nouvelles tâches, de nouveaux protocoles et formulaires, et de nous imposer de nous inscrire sur des tableaux pour participer à telle action, telle permanence extérieure, la liste s’allonge.
Quelques exemples :
- Le RSA : Des associations ne peuvent plus assurer le suivi des RSA, au motif des baisses de subventions. Aucun problème, le service social prend le relais. (On bascule les lots 1 et 2 nous dit-on ?…)
- La CPAM : Les usagers ne sont plus reçus, c’est officiel. Aucun problème, notre service a trouvé une solution : L’AS les reçoit pour fixer un RDV avec un technicien de la CPAM, en indiquant bien le motif sur un tableau qui est adressé ensuite à la CPAM). Ainsi nous sommes le secrétariat de la CPAM.
- Les Restos Du Cœur: Il faut s’inscrire sur un tableau pour aller faire une permanence sur place en vue de recevoir les usagers, et les orienter vers le service social…
- Les Paniers Ernest : encore un tableau. Il faut une AS pour montrer l’implication du service social dans une distribution de paniers bio…
- L'animation estivale : Tout un programme (sport, danse, etc.,) il faut s’inscrire sur un tableau… Le plus drôle c’est qu’il y aura des stands de la CAF et de la CPAM…qui ne reçoivent plus le public en vrai…
- Le Projet Social Territorial : Il faut s’inscrire durant la « phase diagnostic » sur des thématiques multiples et variées imaginées par des gens qui ne reçoivent jamais le public…
- Le plan canicule : Les tableaux sont prêts. On est prié(e)s de s’inscrire très vite...
La liste est encore longue, loin d’être complète puisqu’à bas bruit, se sont installées 3 personnes (une CST, une chargée de mission, une secrétaire) dans un bureau initialement occupé par nos secrétaires. Alors même que nous avons un besoin urgent de travailleurs sociaux sur le terrain !!!
Nul doute, elles nous concoctent un menu standardisé, low cost. D’ailleurs certain(e)s collègues des quartiers Politique de la Ville ont été de manière très informelle, incité(e)s à se préparer à participer à de futures actions mystérieuses qui s’inscrivent parait-il dans la Politique de la Ville…
Toutes ces injonctions sont enrobées du langage et du vocabulaire chocolaté habituels « votre expertise est attendue », « vous savez faire », « nous sommes au cœur des dispositifs » et bla bla bla... Nous sommes partout, tel un robot multifonction.
C’est la grande kermesse, ouverte 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Bientôt le service social tiendra une baraque à frites…
Avec tout ça, bien sûr, il faut remplacer les postes vacants…sans aucune compensation financière. On nous supprime des congés… On nous paie au lance-pierre…
Le constat est clairement énoncé sur votre tract :
« Dans tous les services, la souffrance au travail est croissante »
Nous ajoutons que les travailleurs sociaux de l’ensemble des arrondissements souffrent depuis longtemps et rien ne se passe.
Par conséquent, aujourd’hui, il est urgent que ça s’arrête.
Entre autres actions nous pensons qu’il serait temps de saisir collectivement, sans attendre le service en charge de la souffrance au travail :
Nous demandons l’intervention du CHSCT chargé des risques psychosociaux, pour l’ensemble des travailleurs sociaux des SSP.
En cas d’absence pour cause de burn out, nous souhaitons que notre demande soit portée auprès des collègues présents à l’Assemblée Générale du 24 mai.
Des Assistantes Sociales d'un EPS (ex SSP)