DASES et CASVP en mode projericelle : le "Re-Nouveau Paris Solidaire"
Dans la fonction publique on n’a pas de moyens mais on a beaucoup d’idées.
Ou plutôt on se donne pas les moyens mais on fait beaucoup de projets.
Quand on aborde le médico-social à travers les filtres de tableurs Excel : rien n’est impossible ! Et nos directions fourmillent de cadres aux dents longues débordants d’idées pour tout révolutionner, économiser, rationaliser et grimper.
Rech proj. Pour proj. Priv : la course aux projets est lancée. Que tu le veuilles ou non, aujourd’hui, le projet est au social ce que la banane est aux années 90 : une mode qui dure beaucoup, beaucoup trop longtemps.
Alors que tu sois une personne accompagnée, un agent ou un service, si t’as pas de projet t’es pas crédible, tu vaux rien, t’es moche et tu mérites pas qu’on te regarde. Dont acte, dans les services sociaux y’a toujours 3 ou 27 projets en cours.
Y’a comme une épidémie de « projericelle » dans les directions : des projets purulents pullulent, ils te filent une fièvre carabinée, te démangent et sont ultra irritants. Bref, c’est hyper désagréable, c’est moche, ça se répand à vitesse grand V dans tous les services et le masque est totalement inefficace à lutter contre.
Nonobstant (j’adooore ce mot) loin de nous l’idée de dire que les projets sont inutiles et de nous complaire dans le rôle de « gaulois réfractaires » qu’on aime, de nos jours, assigner aux organisations syndicales.
Non.
Le principal problème des projets c’est qu’ils ne sont jamais réalisés dans les règles de l’art. Ils sont souvent menés sans concertation avec les premiers concernés et jamais évalués. Et ça, c’est comme un rapport sexuel sans préliminaires au début ni orgasme à la fin : nul. Du coup (surprise !) comme ça marche pas, l’année suivante t’es bon pour le projet correctif : réorganisation de la réorganisation, procédure de la procédure et autres logiciel complétant le logiciel ! Et là encore, non content d’y avoir pris aucun plaisir, tu devras te taper les conséquences indésirées et désagréables (maladies diverses, épidémie de grossesses : bref, moult postes vacants…).
« Tout propos globalisant est un propos fascisant », disait notre Sage. Donc non, les projets ne sont pas tous à jeter. Il y a différents types de projets.
Type 1 : Le farfelu (on est polis).
Exemple : « Je propose que les assistantes sociales de l’arrondissement défilent sur le territoire au volant d’un tricycle publicitaire pour développer la marque CASVP ».
Type 2 : Le 2.0
Exemple : « Les liquidités c’est dépassé ! On va payer les aides financières en virements : les gens n’auront qu’à retirer l’argent sous quinzaine sur leur compte bancaire ! ».
Type 3 : Le mal-voyant.
Exemple. CASVP : « A compter du 1er mars et pour des raisons d’économies, nous remplacerons toutes les enveloppes autocollantes par des enveloppes-à-lécher »
COVID : « Héhéhé »
Type 4 : Le bien vu.
Exemple : Ca n’a pas de sens que les services sociaux soient séparés et répartis entre la DASES et le CASVP : il faut les regrouper au sein de la même !
Type 4 bis : Celui qui était bien parti mais qui finit en eau de boudin.
Exemple : On va regrouper les services sociaux au sein du CASVP ! La DASES dont c’est la mission n’aura qu’à donner une délégation au CASVP tout en conservant le pilotage !
Et puis bien sûr, à l’heure de Netflix, il y a les projets à rebondissements. Et en 2020, c’est l’heure du « Re-Nouveau Paris Solidaire » (parce qu’ils veulent pas le dire mais c’était foiré la première fois donc on réorganise la réorganisation).
T’as la bande annonce :
Anne Hidalgo : « Je vais fusionner la DASES et le CASVP et créer une nouvelle Direction de la Santé ».
Et après tout le monde est en transe, à la recherche d’un spoiler en mode season final de Strangers Things. Mais comme y’a pas de fuite, que les infos sont mieux gardées que les photos de Griveaux, tout ce que les gens peuvent faire c’est supputer (j’adooore ce mot), et ça suppute à mort.
S’agissant de la fusion annoncée de la DASES et du CASVP, beaucoup parient sur le fait que la DASES reprenne l’ensemble des activités du CASVP et que toutes les activités « santé » des deux directions intègrent la nouvelle Direction de la Santé. Ca tomberait sous le sens, effectivement. Mais c’est sans compter sur la règle 4bis du projet « bien vu » qui, nécessairement « finit en eau de boudin » (Cf Le Nouveau Paris Solidaire).
Au SUPAP FSU (syndicat novateur qui a fusionné ses sections DASES et CASVP dès 2016 et ce, en dehors de tout projet autre que le bon sens), on se prononce sans équivoque pour la reprise des activités par la DASES, qui porte historiquement (et culturellement) la politique sociale (à ne pas confondre, malheureux !, avec la politique de prestations) parisienne. Mais à l’heure des paris sur l’avenir, on est clairement divisés entre les optimistes (« ça coule de source, la DASES va rester ») et les avertis « ils préfèrent la marque CASVP© et dans quelques mois l’ASE sera envahie de procédures, remplie d’ « actes pros » en « back office » (oui mais labélisés « QualiParis ») et vidée de travail social à la vitesse des feus SSDP ».
A ce jour, l’administration n’a laissé filtrer aucune info sur le Re-Nouveau Paris Solidaire, autre que de nous dire que de leur côté aussi, on suppute à mort et on prend les paris sur la suite.
Finalement, la seule chose sur laquelle on est d’accord c’est le nom de la nouvelle direction de la santé, qu’on imagine à l’image de ceux des adjoints à la Maire :
« La Direction des Solidarités entre Générations, de l’Accession Universelle et de la Forme Durable » (ou DSGAUFDR, prononcé comme ça s’écrit ou, en bref, la direction de la santé et des vieux).
Le SUPAP FSU souhaite bon courage à toutes les victimes collatérales de la projericelle et se tiendra à leurs côtés dans les mois à venir !