♀ Martine ose le short au CASVP !
Martine ose le short au CASVP !
Elle l’a fait : passé le cap de l’épilation définitive et du short tendance ! Elle se lève, chausse ses nues pieds, enfile son short sur ses gambettes bronzées, lève la tête, fait un mouvement de cheveux et part au taf.
Ce qu’elle n’avait pas pensé c’est qu’en 2020, chez les ringards du travail social ça se fait pas. Si t’as pas une robe desigual qui t’arrive sous les genoux, t’évalues mal et puis tu mets les boules aux pauvrettes sans le sou qui sont encore en legging.
Pire : le « bon père de famille » que tu reçois ne peut plus s’empêcher de faire tomber le stylo pour mater tes guibolles sous le bureau ! Ben oui ! Fallait y penser : si l’homme est faible, l’homme précaire est pervers ! Comment atteindras-tu ton quota de contrats RSA à faire signer si tu déconcentres les pauvres avec tes genoux à l’air ?
A cause de son short, Martine au CASVP est convoquée !
Première hypothèse : c’est une cheffe qui se prend les boules, sur son arbre perchée :
« Et, bonjour, Madame de l’ASS!
Que vous êtes court vêtue ! C’est inapproprié !
Sans mentir, si un usager à vos fesses portait la main
Vous l’auriez cherché et nous ne ferions rien !
Je dis cela bien sûr, c’est dans votre intérêt ! »
(Jeanne de La Fontaine Darmanin, 1668 in « La place de la femme au CASVP », chez Valeurs Actuelles éditions)
A moins qu’en fait, autre hypothèse (très très peu probable, inimaginable, du pur délire), la tenue n’est qu’un prétexte :
Guide du managellement, page 756, Chapitre 100 : casser du TS. « Les convoquer pour tout et rien, disséminer des petites phrases humiliantes, vexantes, culpabilisantes. Les déstabiliser, les surprendre, les faire douter. Conseil : Plus c’est gros, plus ça passe ».

En bref.
2020 :
Une assistante sociale a osé le short pour travailler (rappelons-le, ses capacités professionnelles sont sans lien avec la longueur de son pantalon).
Ici certains souhaiteraient sans doute que nous précisions, en défense de notre collègue, que son short était « correct », assez long. Mais en bonnes féministes, nous nous en abstiendrons.
Bref.
C’est avec surprise qu’elle a reçu une invitation de la grande cheffe à venir la rencontrer. « En toute bienveillance » (nous citons) le port du short, « tenue inappropriée » lui fut reproché. Notre collègue, ne demandait pas plus d’explications, toute interloquée qu’elle fut par le problème posé par son short. Elle eut sans doute, et nous aussi, préféré en rester à une interdiction des tenues estivales, et quitter le bureau rapidement avant d’aller avertir ses nombreuses collègues en tongs qu’elles risquaient bientôt d’être convoquées pour « nus pieds ».
Mais la grande cheffe n’avait pas fini de sa bienveillance, et tenait à ajouter que ses conseils vestimentaires étaient donnés dans son intérêt, pour qu’elle fasse attention. La direction du CASVP, interpellée par les agents du service concerné, a soutenu la position de l’encadrement à l’aveugle, refusant ostensiblement de condamner des propos tendant à culpabiliser une femme sur sa tenue et à la rendre d’avance responsable des agressions qu’elle pourrait subir.
Nous attendons donc un groupe de travail, une note précisant la longueur réglementaire des jupes et shorts, une procédure (avec une fiche-indécence « le genou de l’agent était-il visible oui ý non þ ») et un progiciel produisant des statistiques pour QualiParis. D’ici-là un conseil les filles : à l’ESI mollo !
La voici en bref : l’affaire du short ou la culture du viol appliquée au CASVP.