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Publié par DASES-SUPAP-FSU

 

Madame la Directrice du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris,

 

Pour le SUPAP FSU, les Services Sociaux de Proximité sont sans conteste au nombre des services essentiels qui doivent être maintenus pour agir auprès des personnes en difficultés en cette période de crise sanitaire et de confinement de la population.

Nous attirons votre attention sur le fait que la situation de confinement actuelle n’est due qu’au manque de moyens criant dont dispose notre système de protection, mis à mal par les mêmes choix budgétaires que ceux pratiqués par le Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris, et que nous dénonçons de longue date.

C’est pourquoi, pour le SUPAP FSU, la fermeture des Services Sociaux de Proximité ou leur organisation a minima n’est pas acceptable. La Ville de Paris doit donner les moyens à ses services de fonctionner dans le respect de règles sanitaires STRICTES permettant aux usagers et agents de ne pas s’exposer aux risques tout en évitant que les plus fragiles de nos concitoyens soient livrés à leur sort et que la crise sanitaire se double (précocement) d’une crise sociale.

Nous entendons les difficultés rencontrées par tous, en cette période inédite, pour organiser et penser une nouvelle organisation dans l’urgence. Nous entendons également les craintes légitimes des agents, accentuées par une communication (comme à l’habitude) défaillante et l’absence de moyens concrets donnés pour assurer leur protection (hygiène des locaux, matériel de protection…).

C’est pourquoi, nous souhaitons émettre des propositions tendant à préserver les usagers et agents tout en permettant d’assurer la continuité des missions des services sociaux et la protection des plus fragiles de nos concitoyens.

  •  Les mesures prioritaires à prendre concernent l’hygiène et la sécurité : Il est avant tout nécessaire de garantir un nettoyage renforcé et minutieux des locaux. Les heures de nettoyage actuellement non utilisées du fait de la fermeture de nombreux services doivent être redéployées à destination des services ouverts où une intensification du nettoyage est urgente. Nous attirons ici aussi votre attention sur l’habituel manque d’hygiène des services (nombre d’heures de nettoyage insuffisantes) qui se révèle, depuis plusieurs semaines, un vrai problème pour les usagers et agents. Les services doivent être nettoyés, les boxes et bureaux désinfectés à la hauteur des efforts faits pendant les municipales parisiennes (!). Des protections (gel, masques si besoin) doivent être mis à disposition des personnels et usagers dans tous les services ! Des garanties doivent être données: les discours minimisant les risques et/ou culpabilisant les agents qui souhaitent se protéger et protéger les autres, l'organisation de réunions dans des locaux inadaptés (!!!!) ou autres situations professionnelles ne garantissant pas les "gestes barrières" ne sont pas acceptables. 

 

  • Pour l’organisation des plannings des travailleurs sociaux et Secrétaires MédicoSociaux il est impératif de tenir compte en premier lieu du volontariat et des  personnes résidant à proximité des services. Il est nécessaire de proposer aux agents volontaires de pouvoir opter pour aller travailler dans un service plus proche de chez eux afin d’éviter des déplacements longs : le SSP le plus proche de leur domicile n’est pas forcement celui où sont actuellement affectés les agents. Il devrait également être possible de proposer aux personnels des services spécialisés qui sont aujourd’hui à domicile (SSS, ESPEX, EPI….) de se porter volontaires pour intervenir en SSP. Nous attirons votre attention sur le fait que, tandis que certains agents souhaitent quitter leurs domiciles pour travailler, d’autres sont dans un état d’inquiétude et de stress qui rend leur présence au travail hautement improductive (tant pour la santé des agents concernés que pour la dynamique de travail collective et la qualité du service rendu aux usagers). Il faut équilibrer les forces en présence !

 

  • Actuellement, les Centres d’Action Sociale et leurs Services Sociaux de Proximité sont fermés et regroupés au sein de 6 sites (dans le 10, 11, 14, 15, 18 et 19ème arrondissement) ouverts de 10 à 15heures et où ne sont présents qu’un minimum d’agents chaque jours. Pour le SUPAP FSU, il n’est pas admissible de demander aux usagers de se déplacer dans un autre arrondissement : idéalement, les services de proximité devraient rester ouverts et être organisés pour recevoir chacun un petit nombre d’agents et d’usagers ayant peu de trajet, plutôt que de regrouper les  personnes et multiplier les trajets ! Rappelons que les usagers s’exposent à des amendes en se déplaçant sans justificatif : le CASVP compte-t-il rembourser les amendes des usagers ayant fait un trajet pour se rendre au service social, notamment lorsqu’ils ne maitrisent pas l’écrit ni n’ont accès à l’informatique pour produire ces attestations de déplacement modifiées tous les jours ? Surtout, les personnes les plus vulnérables ne se déplaceront pas forcement dans les arrondissements proposés : les personnes âgées, les mères isolées avec plusieurs enfants à domicile, les personnes souffrant de troubles psychiques, les personnes sans ressources numériques... Autant de publics que nous ne devons ni oublier ni laisser de côté !

 

  • Si l’administration maintient la seule ouverture au public de 6 sites comme c’est actuellement le cas, il nous semblerait nécessaire de laisser ouverts tous les services même sans accueil du public pour que les agents y soient moins nombreux et puissent y avoir accès aux ressources non numérisées (dossiers). Il serait également possible d’y répondre aux usagers qui se présentent (quitte à maintenir la grille fermée) et ainsi permettre une première évaluation à bonne distance et la transmission de documents en direct pour les scanner (sans que les usagers aient à se déplacer trop loin) ou encore d’y tenir des permanences téléphoniques.Tenus à distance du public et les uns des autres, les agents volontaires présents sur ces sites pourraient s'ils le souhaitent y être présents plus fréquemment que ne le prévoient les actuels roulements.

 

  • Les quelques travailleurs sociaux  par jour actuellement prévus ne permettent pas de répondre à l’ensemble des usagers de plusieurs arrondissements et les présents sont et seront très rapidement débordés. La direction demande aux personnels de travailler à distance mais tous n’ont pas d’ordinateur, n’ont pas la possibilité d’accéder aux logiciels que vous avez rendus indispensables (PEPS, PIAF....): aucune alternative n’est proposée. Bon nombre de professionnels sont des parents qui ne pourront pas assurer les tâches demandées en lien avec la fermeture des modes de garde et écoles : comment organiser leur remplacement, prendre contact avec leurs usagers, gérer leurs urgences en étant hors du service? Certaines de ces situations vont forcément devenir des urgences à court terme et les professionnels présents ne pourront pas y répondre si la situation de travail proposée n’évolue pas.

 

  • Le nombre actuel de Secrétaires Médico-Sociaux est insuffisant pour gérer toutes les demandes de deux arrondissements. Les secrétaires de zone doivent pouvoir continuer à recevoir les appels, faire des pré-évaluations, annuler les RDV, scanner les demandes faites par les personnes en télétravail. Actuellement, les Secrétaires Médico-Sociaux qui sont à domicile n’ont pas accès aux agendas des travailleurs sociaux et ne peuvent donc pas rappeler les usagers pour annuler les RDV ou faire des pré-évaluations. Par ailleurs, de nombreux numéros de téléphone ont changé et ne sont à jour que dans les dossiers papiers : la fermeture totale des services rend impossible la prise de contact avec certains usagers parmi lesquels des personnes fragiles !

 

  • La gestion de l’urgence financière ne peut être traitée par virement compte tenu du délai des virements mais aussi du risque que l’aide comble un découvert bancaire ou encore du fait que certaines personnes ne disposent pas de compte bancaire. Des liquidités sont indispensables pour prévenir l’apparition de situations de grande précarité : elles devraient être accessibles à proximité du domicile des parisiens et, pour ce faire, une caisse devrait idéalement être laissée ouverte dans chaque arrondissement.

 

  • Les usagers n’ont pour certains ni ordinateur, ni imprimante. S’il est reconnu que les évaluations peuvent être faites par téléphone, il est alors nécessaire dassouplir temporairement les règles en matière d’attribution d’aides financières et limiter le nombre de justificatifs demandés au strict minimum. Les solutions proposées jusqu’ici demandent trop de déplacements aux usagers, ne sont pas adaptées à ceux d’entre eux qui n’ont pas accès au numérique ou sont incompatibles avec la capacité des boites mails au sujet desquelles nous vous interpellons de longue date !

 

  • Il est actuellement urgent de créer et mettre en partage (IntraParis, PASS étant pour la majorité des agents inacessible à distance) une ressource recenssant les services ouverts, les procédures mises en place par les différentes administrations répondant aux besoins des usagers, de manière à ce que les agents puissent accéder rapidement à l'information pour mieux la diffuser et répondre aux demandes et besoins des usagers (ex: procédures mises en place par la CAF, la préfecture... lieux de distributions alimentaires...). Actuellement, ces informations sont envoyées au compte goutte dans différents mails voire partagées informellement par les agents via différents mode de communication (réseaux sociaux, WhatsApp...) : il faut un espace officiel pour les regrouper et actualiser!

 

  • A ce jour, aucune réponse n’a été apportée concernant la prise en charge des situations de violences intrafamiliales (violences conjugales, protection de l’enfance…) déjà connues ou qui vont, sans aucun doute, se manifester. De la même manière, de trop nombreuses incertitudes persistent pour la prise en charge des adultes vulnérables ou d’autres populations !

 

Si nous comprenons que l’organisation n’a pas dû être facile les premiers jours, nous ne pouvons excuser la mise en danger des usagers et agents au cours des dernières semaines. L’incapacité des services à être réactifs et prendre des mesures simples et de bon sens dès les annonces présidentielles traduisent clairement les travers de vos politiques où l’obéissance et le respect de procédures sont survalorisés au détriment de la prise d'initiatives (bien nécessaire dans les situations d'urgence!). Dans l’attente de vos directives, combien de contaminations ?

Aujourd’hui l’organisation doit répondre aux besoins des usagers et des professionnels. Les décisions prises actuellement ne rendent pas possible un accueil et traitement correct des demandes des usagers, rendent le travail des agents peu efficace. Nous vous demandons de prendre en considération nos remarques afin de mettre en place au plus vite et au mieux des conditions de travail et d’accueil satisfaisantes et sécurisantes pour tous.

Enfin, le SUPAP FSU s’inquiète, comme vous le devriez, des conséquences sociales en cours et à venir de la crise sanitaire actuelle. Nous vous alertons de longue date sur les difficultés rencontrées dans les services sociaux (manque de moyens, effectifs…) : le CASVP devrait dès aujourd’hui envisager la surcharge de travail des SSP à l’issue de la crise sanitaire qui va générer une chute de ressource, reporter des expulsions, faire « exploser » certaines cellules familiales, augmenter le nombre de signalements… Vos services ne sont pas plus que les hôpitaux, dimensionnés pour faire face à l’afflux de la population à venir : il est urgent d’y penser !

 

 

Coronavirus à Paris : Les Services Sociaux et leurs publics ne doivent pas être démunis !

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G
Et quand les augmentations. De salaires. Les enseignants sont augmenter toujours en vacances
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