L'au revoir aux services sociaux polyvalents de notre psychologue

Retrouvez ci-dessous les quelques mots de la psychologue de polyvalence avant qu’elle mette le cap vers d’autres cieux professionnels.

Un précieux témoignage sur la richesse du travail social et une invitation à continuer à aller humainement vers les usagers, penser nos pratiques et faire exister l’invisible.

Bonjour à toutes et à tous,

Je ressens la nécessité de vous écrire un mot depuis … que je sais que ce travail auprès de vous, de vos équipes, de vos services sociaux de polyvalence va se terminer, sans arriver cependant à trouver jusqu’à présent, le temps, le ton, le fonds et la forme pour cet écrit. Je me lance.

Avec ce mois de mai 2016 ont commencé les dernières séances pour les groupes d’analyse ou d’accompagnement de votre pratique, les derniers rendez-vous, les dernières permanences … Au 31 mai, non seulement j’arrêterai de vous rendre visite, mais ce poste de psychologue clinicien n’existera plus comme tel. Je ne voudrais pas partir sans vous dire, « merci », « bonne route à vous » et à tous « au revoir ».

Merci, déjà, pour tous vos témoignages de gratitude et de sympathie.

Merci parce que vous m’avez beaucoup appris.

A vos côtés pendant presque quinze années, j’ai découvert le milieu du travail social et en particulier celui de la polyvalence de secteur, ses missions, ses publics, son rythme et son organisation. Je vous ai rencontré vous, les personnels professionnels, vos fragilités et vos forces ; vos résistances et vos défenses, vos contradictions ; vos critiques ; vos élans, votre créativité, votre générosité.

Il m’a fallu quelques années pour ouvrir une voie clinique dans ce paysage et ce terroir social qui ne connaissait d’interdisciplinarité que celle, ténue et souvent conflictuelle, du partenariat avec d’autres institutions ! Mais le jeu en valait la chandelle : Vous m’avez appris en retour le métier de psychologue clinicienne en institution sociale ! *

Je pars vers un autre horizon, à l’Aide Sociale à l’Enfance, pour y tenir une place de psychologue au sein d’une équipe sociale (celle du 20ème arrondissement), soit une place différente de celle que je tenais auprès de vous ; cependant, je pars étayée sur/par ce que vous m’avez déjà appris.

Ce qui est gagné (élaboré) ne se perd pas ! Je crois que le travail que nous avons effectué ensemble est comme un … un tricot, un ouvrage tissé, où des laines et des fils divers que nous avons pu faire nôtres, constituent « ce qui tient » et nous aide à avancer face aux difficultés inhérentes à la vie humaine.

Je vous souhaite donc de faire bonne route, sur ce chemin professionnel, en constante évolution, arrimés à ce qui ancre votre identité professionnelle : accueillir et accompagner des êtres humains en difficulté sociale (où les carences dominent et la précarisation menace !), dans leur diversité et leur singularité. Et les accompagner dans la construction ou reconstruction de leur subjectivité et de leur rapport au monde.

Enfin, au revoir, car le monde est petit et que nos routes pourraient trouver encore à se croiser !

Béatrice RIALLAND

* Par la mise en œuvre d’un dispositif (clinique) d’écoute et de parole, en toute sécurité, personnel et professionnel, individuel et groupal, je me suis efforcée de soutenir la dimension psychique de chacun et chacune, mais aussi celle des usagers au cœur des situations que vous apportiez avec vous.

J’ai essayé de me situer dans un prendre soin de chacun de vous, les professionnels (tout en respectant votre souhait), afin qu’à votre tour vous puissiez prendre soin des personnes qui viennent vous solliciter, dans leur singularité.

Par la prise en compte aussi du « bruit » que fait inévitablement toute institution (conflits, changements d’organisation, etc.) et qui vous perturbe parfois tant qu’il semble envahir toute votre pensée et votre sphère de travail, nous avons travaillé à différencier les domaines (institutionnel/ professionnel/ personnel/affectif/ …), les registres (Imaginaire, Symbolique … Certains reconnaitront là mes outils !), pour arriver à recentrer les énergies sur l’Usager, origine et finalité de notre présence au travail.