A 10 balles on déballe on remballe le service social !
J’vous jure j'essaie de m'adapter au changement... d’être dans le vent de cette Mairie de Paris! De rester bienveillante avec les maîtres d'oeuvre de notre politique sociale.
Je me dis qu'Anne Hidalgo elle est peut être pas au courant. Que quand elle dit dans les journaux qu'elle fait de la lutte contre l’exclusion sa « grande cause » elle y croit. Que si elle pense qu'il suffit de demander aux travailleurs sociaux « d'aller vers » les personnes à la rue pour qu'ils dorment au chaud, c'est qu'elle est pas prévenue que déjà pour ceux qui viennent vers nous, des places d'hébergement on n'en trouve pas.
Et Mme Versini, quand elle met la prévention au cœur de son nouveau schéma de protection de l’enfance, pour réduire le nombre de placements d'enfants, sans moyens supplémentaires, alors que le service social scolaire est moribond et que l’ASE croule sous le boulot, c'est sûrement parce qu'elle est pas là depuis longtemps et qu'elle ne sait pas dans quel état sont ses services.
Et la direction de la DASES, quand elle nous informe en CT qu'elle va mettre en place des groupes de travail sur l’éthique alors que ces derniers temps, elle en a pris pour son grade notre éthique avec ISIS, l’évacuation des migrants, l'évaluation dare dare de la minorité des MIE, le CENOMED... Ils n'ont pas l'air de percevoir la contradiction. Soit! Ca a pu leur échapper.
Mais Poudex…. Poudex (*)….
Poudex c’est comme un pudding en fin de repas.
Dès la première cuillère tu te demandes comment tu finiras ta part.
Poudex, si t'es vraiment travailleur social, tu peux pas, ça passe pas.
Quand j’pense qu'au moment où notre Béa (psychologue auprès des services sociaux) est dégagée (enfin redéployée) Poudex sort du chapeau du CT, là j’ai carrément envie de me radicaliser !
Le travail avec Béa, c’est un travail de gourmet. C’est un échange, une besace qu’on vide, des esprits qui phosphorent… pour se délecter du travail social, se régaler des propos des usagers, mettre de l’huile de coude, faire monter la mayonnaise de l’accompagnement social, surmonter les galères des FSL béchamelle qui foirent la première fois pour mieux marcher la seconde.
L’Analyse des Pratiques Professionnelles c’est Top chef qui s’invite au service social. On liste les ingrédients, on les pèse. On se demande comment on pourrait faire plus fin ou en tous cas moins lourd, plus savoureux, moins aigre, plus juste avec les usagers.
On fait du cas par cas, un régime particulier à chacun, car tout comme « il y a autant de couscous que de mères maghrébines* », tous les usagers sont singuliers et tous les travailleurs sociaux aussi.
*Fellag
Eh bien en 2016, la DASES et le CASVP fusionnent et le poste de Béa disparaît à l’aune de cette fusion, cette sauce municipale qui affadit le travail social.
Et Poudex Arrive dans la foulée, avec son « coffre fort numérique pour les documents des usagers » et ses « ordinateurs placés au cœur de l’entretien social ».
Quand on prend le temps de s’arrêter sur chaque personne qui s’adresse au service social, sur chaque relation qui se met en place, sur toutes les idées qui surgissent des uns et des autres, sur tous les enjeux réels et imaginaires de notre fonction, sur les limites mais aussi les potentialités des usagers pour mieux les accompagner et se sentir mieux dans son boulot, c’est aussi un coffre fort qui s’ouvre. Et qu'on ouvrait avec Béa.
Mais ce coffre fort là, la mairie de Paris a décidé qu’elle s’en contrefoutait, et même qu'il n'existait pas. Enterré le trésor, comme les pirates. Ce qui préoccupe ceux qui planent au dessus de l'activité des services sociaux, ce sont des résultats immédiats, des données chiffrées et visibles, des demandes explicites qui seraient solutionnées en un coup de Poudex. Alors Mme Bidule qu'a besoin d'écoute et de reconnaissance et Mr Chose qui a besoin de 4 rendez-vous pour déméler les méandres de sa vie pour finaliser son dossier de surendettement, raoust! Soient ils viennent avec tous leurs papiers demander une aide à l'EDF soit ils dégagent.
J’ai imaginé les usagers de ma file active face à Poudex. Les entretiens ubuesques avec Mme Untellle, qui ne sait pas lire, pour lui demander si elle veut bien que sa quittance de loyer soit dans une stratosphère informatique à laquelle la CAF pourrait accéder mais que la loi informatique et liberté lui donne le droit de refuser. Et ma réaction quand elle me dira qu'elle s'en fout du moment qu'elle a son aide. Et l’ordinateur, entre nous, le logiciel qui me fera péter les plombs, qui m’empêchera de lui demander comment elle va et qui l’empêchera de me parler d’un truc qui va pas parce qu’elle veut pas me créer de nouveaux problèmes vu que je galère déjà avec ce p..... de Poudex qui bugge à chaque fois que je veux le remplir.
La grande braderie du service social continue dans les services de Mme Hidalgo.
REAGISSONS!
Véronique
(*) Poudex est le nom donné par le SUPAP FSU à un nouvel outil informatique en cours de réflexion pour les services sociaux parisiens