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Publié par DSOL-SUPAP-FSU

Tribune publiée dans Libération le 29 novembre 2024, par Un collectif de femmes syndicalistes, politiques et d'associations féministes et la FSU, première fédération dans l’Éducation nationale.

 

Infirmières, agentes d’entretien, enseignantes, greffières, travailleuses sociales ou administratives … Les agentes de la fonction publique exercent des métiers essentiels dits d’utilité sociale sans lesquels notre pays et notre société ne pourraient fonctionner. Les femmes, jeunes et plus âgées, sont également les principales utilisatrices des services publics, notamment dans les secteurs cruciaux de la santé, de l’éducation et des services sociaux.

 

Salaire en berne, condition de travail dégradées, services publics démantelés

Malgré leur engagement quotidien à faire vivre les services publics et à servir l’ensemble de la population, les femmes sont une des cibles des  choix budgétaires des gouvernements successifs qui ont conduit à leur déclassement salarial et à une dégradation de leurs conditions de travail et de  santé. Au cours des 20 dernières années, leur pouvoir d’achat a plongé en moyenne de 23 %[1]tandis que leurs perspectives d’évolution de carrière se sont considérablement restreintes. La dernière réforme des retraites a, une fois de plus, désavantagé les femmes. Les politiques de sous-investissement des services publics intensifient nos charges de travail et dégradant la qualité des services rendus au public. En conséquence, ce sont tous ces métiers qui peinent à recruter.

L’état des hôpitaux illustre parfaitement cette situation.  4 867 lits[2] d’hospitalisation ont été supprimés cette année portant à 43 504[3] le nombre total de lits disparus en une décennie.

Pour enrayer cette crise, pour plus de justice sociale et d’égalité : c’est plus de services publics dont nous avons besoin ainsi qu’une véritable revalorisation de ces métiers.

 

Les choix du ministre de la Fonction publique sont bien une attaque en règle contre les femmes !

A rebours de ces besoins, le ministre Kasbarian accuse aujourd’hui les fonctionnaires d’absentéismes pour imposer des mesures brutales : trois jours de carence et diminution à 90 % du taux de remplacement en cas d’arrêt maladie,  suppressions de postes en masse, fusion de services et autres mesures qui vont fragiliser toujours plus nos services publics et dégrader l’exercice de ces métiers et la santé des femmes fonctionnaires.

Plus âgées que les salariées du privé, les femmes fonctionnaires sont plus exposées aux arrêts de travail – est il besoin d’expliquer ici l’articulation entre âge et fréquence des arrêts pour maladie ?
Ces métiers font partie des plus féminisés, les femmes sont donc nombreuses en situation de monoparentalité ce qui rend ardue la prise en charge de leurs enfants malades. Souvent au contact direct avec les usager.es, les femmes fonctionnaires sont aussi plus touchées par les épidémies saisonnières dont les pics sont parfaitement identifiables – et c’est particulièrement vrai dans les métiers du soin et du lien.

 

Les choix politiques du ministre Kasbarian sont injustes et graves car ils affaibliront l’accès aux services publics pour l’ensemble des usagères, renforceront la précarité et les inégalités territoriales – diminuant la qualité de vie et l’autonomie des femmes. Casser les services publics, c’est aussi renforcer la grave crise sociale et démocratique que notre pays traverse : c’est affaiblir toujours plus les solidarités collectives et faire le lit de l’extrême droite qui se nourrit de ce désespoir social.

Les femmes fonctionnaires représentent les 63 %[1] des salariés du public, c’est leur vie globale qui sera encore plus dégradée par les mesures d’allongement du délai de carence et de réduction des indemnités.

Le ministre Kasbarian s’auto-félicite de son courage de s’attaquer aux arrêts maladie des fonctionnaires ! Mais, en réalité : de quoi ce ministre est-il le nom ? Certainement celui de la détestation et de la destruction des droits des agents de la fonction publique. Mais aussi et surtout celui d’un ennemi frontal des femmes salariées et des usagères des services publics.

Et lorsqu’on regarde les besoins immenses en termes de services publics pour éradiquer les violences sexuelles et sexistes, pour gagner l’égalité salariale, pour l’emploi des femmes et la nécessaire revalorisation des métiers féminisées : le choix des politiques austéritaires dans lequel s’inscrivent ces mesures s’opère bien contre toutes les femmes.

Décidément, il ne fait pas bon être femme sous ce gouvernement résolument conservateur !

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