A Paris: le Service Public régresse, les Punaises de lit progressent !
Un contexte de recrudescence des punaises de lit...
Depuis plusieurs années, Paris connait une recrudescence des punaises de lit. Cette problématique est bien connue des services sociaux, témoins de l’augmentation des publics concernés, mais aussi et surtout des difficultés à se défaire des punaises de lit une fois celles-ci installées.
....Et d’économies sur les services d’hygiène publique.
Dès 2015, le SUPAP FSU s’est opposé au projet de création du Service Parisien de Santé Environnementale. La création de ce service (qui remplace le Bureau de la santé environnementale et de l’hygiène) constituait en effet un recul des activités de la collectivité parisienne en matière d’hygiène. D’emblée, nous nous étions inquiété de la limitation des activités des services de salubrité et d’hygiène, notamment concernant les interventions relatives aux punaises de lit réalisées par les services municipaux (l’ancien Service municipal d’actions de salubrité et d’hygiène – SMASH).
Le remède miracle pour lutter contre les punaises ? L’entretien social, pardi !
Face à cette inquiétude, l’administration parisienne a proposé une solution : le maintien des interventions en cas d’infestation de punaises de lit uniquement pour les parisiens les plus précaires sur orientation des services sociaux. Cela revient à ce jour, à ce que tout parisien évoquant une problématique de punaises de lit et souhaitant une intervention gratuite ou à moindre coûts par la Ville de Paris, soit orienté vers les services sociaux parisiens (et ce, qu’ils aient ou non des difficultés d’ordre social !).
Le SUPAP FSU s’est bien évidemment opposé à ce principe : inutile de mobiliser un travailleur social s’il s’agit uniquement de vérifier des critères de ressources ou de contraindre les parisiens à prendre une demi-journée de congés pour rencontrer un travailleur social si leur seule problématique/demande est relative à des punaises de lit !
Rappelons que les punaises de lit ne sont pas associées à la précarité et peuvent se développer dans tout type d'habitation, quelles qu'y soient les conditions d'hygiène. Cependant, s'en débarrasser a un coût important (interventions de sociétés au domicile, remplacement de certains meubles trop infestés...), susceptible de peser sur tous les budgets ! Enfin, le fait d'avoir à son domicile des punaises de lit est extrêmement stigmatisant, en lien notamment avec la peur de la contagion et les idées reçues qui tendent à associer les punaises à un problème d'hygiène. Orienter une personne qui rencontre (uniquement) un problème de punaises de lit vers un service social - parfois pour la première fois de sa vie - c'est renforcer ce stigmate, imposer aux parisiens une étape contraignante et qui peut être vécue comme humiliante !
Des services sociaux devenus lieux possibles de propagation :
Un autre risque apparaissait, que nous dénoncions en amont de la mise en œuvre de cette organisation : le fait que les services sociaux soient infestés de punaises et deviennent un lieu de propagation auprès des publics et agents. En effet, le recul des activités d’hygiène s’est accompagné de la fin des désinfestations systématiques des services sociaux (auparavant réalisées automatiquement une fois par mois). Le risque était donc concret, et nous le dénoncions, puisqu’on prévoyait dans le même temps :
- de mettre fin aux traitements préventifs des services,
- d’y orienter en plus grand nombre les personnes concernées par une problématique de punaises.
Le mépris (habituel) des administrations parisiennes :
En juillet 2017, après plusieurs mois d’alertes par les agents des services sociaux (mais également des centres d’hébergements, établissements, services d’aide à domicile...), le SUPAP FSU envoyait un courrier à la direction de la DASES et du CASVP demandant :
- La désinfection et désinsectisation régulière, rapide et systématique des services (services sociaux, centres d’hébergements, établissements...).
- La gratuité des interventions au domicile des agents en cas d’infestation en lien avec l’exercice de leurs missions.
- La prise en compte des frais engendrés par les infestations éventuelles (frais hôteliers, et remplacement de meubles éventuels) HORS Allocation Exceptionnelle (pour que les revenus des agents n'influent pas sur la décision de rembourser les frais liés à un risque professionnel).
Ce courrier, pour lequel plusieurs relances ont été faites, est à ce jour resté sans réponse. Tout juste lors d’une énième relance, nous disait-on oralement que la direction « travaillait à des procédures » !!!
Dans le même temps, des agents se voyaient contraints de faire des visites à domicile dans des lieux infestés de punaises, trouvaient des punaises dans leurs services ou recevaient dans les locaux des personnes tellement infestées que les punaises étaient visibles sur elles... tout cela sans qu’aucune réponse ne soit apportée... ou presque.
Le CASVP a gentiment distribué des kits de protection à mettre par-dessus ses vêtements en cas de visite à domicile et mis au point des super power point expliquant comment éviter d’attraper des punaises/s’en débarrasser ! Bref, des réponses totalement inadaptées face à l’ampleur de la problématique.
Ce qui devait arriver arriva et arrivera encore...
C’est donc, hélas, sans surprise que nous avons pris connaissance à l’été 2018 d'une alerte à la présence de punaises au sein d’un service social de l’est parisien. Avertie de l'alerte, la direction locale a fait le choix de taire cette information aux agents afin « d’éviter de créer la panique » ! Deux agents ont vu leurs domiciles touchés par les punaises de lit (et combien de personnes accompagnées venues chercher une solution à leurs problèmes et repartant avec une punaise ?) !
Une intervention de dépistage (!!!) a été prévue, une douzaine de jours après la découverte des punaises ! Inutile de préciser qu’entre la découverte des punaises et l’intervention, publics et agents ont continué à évoluer dans les locaux... Pire, la collectivité parisienne ose, dans une réponse au SUPAP FSU sur Twitter, dire qu’aucune punaise n’avait été détectée au service social avant de l’être au domicile des agents : est-ce à dire que selon l’administration, les agents seraient responsables de la présence de punaises ?
Le SUPAP FSU continue d’exiger de l'administration parisienne qu'elle arrête de se gratter et prenne des mesures simples et de bon sens, respectueuses des publics et agents des services sociaux parisiens : des services entretenus et des professionnels à qui on offre des garanties suffisantes pour qu’ils puissent accueillir le public sereinement (et donc dignement) !