VAE Ministre
Monsieur,
J’ai pris connaissance cette semaine du projet de votre gouvernement de mettre en place une VAE permettant aux « mamans » sans expérience professionnelle d’obtenir le CAP petite enfance ou le célèbre "brevet d'Etat" d’Educateur de Jeune Enfant, c’est pourquoi je me permets de vous envoyer ma candidature spontanée à la VAE de Ministre.
Travailleuse sociale depuis bientôt 9 ans, j’ai acquis une solide expérience dans des domaines divers et variés qui sauront, j’en suis sûre, être des atouts pour la bonne « marche » de votre gouvernement.
En qualité d’assistante sociale, je suis habituée à donner des « conseils budgétaires » à des personnes vivant sous le seuil de pauvreté : l’économie et les finances n’ont donc aucun secret pour moi. Ma file active regorgeant de personnes qui n’ont pas d’autre choix que de manger, s’habiller et se chauffer avec les 5€/jour qu’il leur reste une fois le loyer payé, je déborde d’idées qu’il me tarde de mettre en œuvre afin de trouver des solutions écologiques innovantes (la bougie) et d’assainir les comptes tout en moralisant la vie publique (1 kebab/jour/député).
En charge depuis plusieurs années d’annoncer au grand public l’échec des politiques de logement, d’hébergement, d’emploi et d’accueil des enfants, personnes âgées et handicapées, je suis tout à fait prête et disposée à prendre sur mon nom la plus impopulaire de vos réformes et endosser les responsabilités que vous ne souhaiterez pas prendre vous-même.
La pratique du travail social a fait de moi une personne solidement ancrée dans le réel qui ne craint ni le terrain, ni la misère, ni les poignées de moignons.
L'accompagnement mené auprès de personnes d’origines diverses m’a permis de développer des capacités linguistiques hors normes : je sais aujourd’hui identifier l’expression de la colère et du profond désespoir dans près d’une trentaine de langues, dialectes et patois dont les insultes n’ont plus aucun secret pour moi ! Par ailleurs, pour œuvrer depuis un an au sein du Centre d’Action Sociale de la Ville de Paris, je pense être désormais armée diplomatiquement pour communiquer avec des personnes qui, à l’instar du Président Trump, sont persuadées que tout chez eux est super et nient farouchement l’existence des preuves les plus criantes du contraire (fake news !).
Active syndicalement depuis 3 ans, j’ai pu, au contact des élus, directeurs et autres représentants syndicaux, apprendre à manier à la perfection la mauvaise foi, la langue de bois et l’exagération. Sur leur modèle, je suis désormais capable de contre argumenter tout et n’importe quoi (même quand je suis d’accord) et défendre des projets auxquels je ne crois absolument pas, qualités, vous en conviendrez, essentielles dans un gouvernement.
Mère de deux jeunes enfants, j’ai, en les maintenant en vie et pas placés jusqu’ici, fait preuve de toutes les capacités nécessaires pour prendre, les doigts dans le nez, le portefeuille jeunesse, enfance, famille, femmes, éducation nationale, Intérieur et sports. De même, mes visites régulières auprès de mes grands parents dans le fin fond du Cantal me prédisposent tout naturellement à entrer en charge des questions du grand âge et de la ruralité.
Preuve vivante que dans la vie, rien n’est ni tout blanc ni tout noir, je serai ravie de faire de ma jeunesse, de ma peau basanée et de mon indomptable "crinière" frisée la caution jeunesse, quartiers et diversité de votre équipe.
En tant que femme, travailleuse sociale, mère, représentante syndicale et étudiante, j'ai "instinctivement" des prétentions salariales nulles qui feront de mon embauche un acte hautement rentable et compatible avec votre politique de restriction des dépenses publiques. De la même manière, sachez qu’en matière de reconnaissance deux petits mails suffisent à me faire tomber en pamoison et que l’attente d’un mail bonus voire d’une invitation à prendre un café suffisent à me motiver pour une année entière.
J’espère, Monsieur, que cette lettre saura retenir toute votre attention et vous aura convaincu de mon sérieux. Mes compétences en matière d’économie, affaires étrangères, politiques sociales, familiales etc. démontrées, je tiens à vous signaler que, une fois la VAE accordée, je postulerai au poste de Premier Ministre, la rédaction de cette lettre m’ayant –tout comme vous je l’espère- convaincue que je suis, à ce jour, la mieux placée pour prendre la succession de Mme Cresson.
Dans l’attente de votre réponse positive, veuillez agréer, Monsieur le Président, mes sincères salutations.
Bisous.
Séverine