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Publié par DASES-SUPAP-FSU

Travail social, laïcité, licornes et bisounours (Ôde à Michel Thierry)

À moins que tu ne travailles au Conseil Général du Département des Bisounours (suivre l’A7 puis prendre l’arc-en-ciel) ou à  l’association « Cœurs, dauphins et Licornes », tu sais que le Travail Social, en ce moment, est un peu en crise.

Il y a :

  • ta file active (pleine de Monsieur et Madame Cavapadutout pour qui ça va de moins en moins et à qui t’es à deux doigts de proposer l’euthanasie faute de solutions),
  • la politique de ton institution (qui te prend pour un presse agrume chargé de presser les usagers afin d’en tirer un jus de statistiques à siroter en réunion d’énarques),
  • ta fiche de paie (crise de larmes compulsive),
  • des super perspectives d’avenir (Spoiler Alert, pour le travail social : Winter is Coming !).

Bref, tout ça, tout ça.

Dans ce contexte, j’aurai tendance à conseiller aux collègues d’éviter de faire du zèle et de s’abstenir de lire les rapports et autres plans produits par le Gouvernement.

 Car, en vérité je vous le dis, chers collègues, tel Emile Zola «  J’ACCUSE » le plan en faveur du travail social et du développement social de faire horriblement grossir des fesses et maigrir du porte-monnaie. J’estime à environ 200€ l’argent dépensé en tablettes de chocolat et mojitos pour oublier les horreurs qu’on y lit (budget intégralement redirigé vers mon derrière à hauteur d’environ 5 kilos).

Parce que lire le plan en faveur du travail social, c’est un peu comme se faire larguer par le boulot qu’on aime. Un peu comme si un matin, ce travail que tu aimais passionnément (et à qui tu t’es accroché malgré son incapacité notoire à payer tes charges et virées chez Desigual) te laissait un mot sur l’oreiller disant « si on reste ensemble, il ne sera plus question que de sodomie ».

 

Mais aujourd’hui il y a une bonne nouvelle.

Et contre toute attente, cette bonne nouvelle concerne la place du travail social dans la lutte contre la radicalisation. Oui je sais, c’est pas glamour, ça manque de paillettes, de bac+3, catégorie A et autres points d’indice. Mais ne me quittes pas, je te jure c’est bien quand même…

Travail social + radicalisation = sujet sensible. Quand on voit ce qu’ils (les décideurs de tout niveaux) sont capables de nous pondre, franchement, y’a de quoi  s’inquiéter. Le sujet, fatalement d’actualité, appelait à une réponse de nos décideurs tentés –comme souvent- de nous confier dans l’urgence une mission supplémentaire sans les moyens qui vont avec mais aussi et surtout sans concertation préalable ou réflexion sur les pratiques, le sens, l’éthique-et-la-déonto, bref sur le travail social. Certains collègues n’ont d’ailleurs pas manqué de se retrouver en difficulté, chargés de convoquer et évaluer des situations familiales sur la base d’éléments (port du voile, propos racistes, séjours à l’étranger…) transmis par la « police ». Que faut-il dire à la famille ? Comment travaillera-t-on avec elle (et avec les autres habitants du quartier) ensuite ? Faut-il évaluer la protection de l’enfance ou une éventuelle radicalisation ? Vous avez une heure !

 

Quelques jours après les attentats qui ont frappé Paris en novembre 2015, Marisol Touraine et Ségolène Neuville ont confié à Michel Thierry, vice président du CSTS, la mission de formuler des propositions relatives à la formation des travailleurs sociaux dans le champ des valeurs républicaines, de la laïcité et des processus d’endoctrinement. Tout cela dans l’objectif de rendre les travailleurs sociaux plus efficaces et coopérants en matière de lutte contre les dérives radicales.

Alors Michel, gentleman, il leur a répondu dans un rapport de 25 pages que je vous conseille de lire (parce que celui-là ne fait pas grossir).

Et il a répondu quoi Michel ?

Michel, d’abord, il a gentiment expliqué à Marisol et Ségolène que les travailleurs sociaux avaient déjà des valeurs et une formation (et croyez-moi il n’est pas inutile de le rappeler). Michel, il a réaffirmé l’importance de l’alternance et des expériences de stage dans la formation (et ça aussi c’est super important).

Michel, il a dit que les travailleurs sociaux, de plus en plus souvent assimilés à des « quasi flics » ne devaient pas devenir des « propagandistes » et qu’il serait contreproductif de les mettre en position d’avoir à prêcher une « catéchèse républicaine » auprès des usagers.

Michel, il a rappelé qu’à l’origine de nombreuses dérives radicales, on trouve un mal être notamment social et identitaire qui pousse à rechercher dans le religieux une valeur refuge. Et Michel, il dit que le rôle du travail social c’est d’intervenir à ce niveau là, c’est-à-dire bien en amont de la radicalisation qui n’est que le sommet de l’iceberg d’un problème aux racines profondes. (Michel a trop raison et en plus il est poète).

Michel, il a dit aussi que le travail social n’avait pas toujours les moyens de faire ce travail de prévention auprès des personnes fragiles en risque de radicalisation (bon là Michel, t’aurais pu en rajouter une couche !). Et puis que la question du signalement n’était pas si simple mais qu’il fallait penser éthique, déontologie… (Michel a trop trop raison).

Michel il a dit plein d'autres trucs super intelligents que vous découvrirez en le lisant, mais là je vous parle juste de ce que j'ai sur-sur-kiffé. Parce que oui, la prévention de la radicalisation c'est notre travail si on considère cette radicalisation comme le symptôme d'un mal être social. Oui, on pourrait être beaucoup plus efficaces, pas avec 50 nouveaux dispositifs ou missions (qui ne serviront qu'à permettre au politique de dire qu'il agit) mais avec des moyens : ces moyens qu'on n'a plus, les moyens de prévenir !

 

Alors Michel, *oeillade*

Sache que ce rapport était super (même que j’ai fumé une clope après).

Michel, merci. Michel, je t’aime.

Je sais faire des steaks, des pates et du riz. Et des salades de pates et des salades de riz. Je maitrise même à la perfection la recette du Brookies, gâteau magique capable de guérir la maigreur extrême et d'achever un diabétique en une bouchée. J'ai aussi un avis vachement plus argumenté et nuancé sur le rapport en faveur du travail social que celui donné plus haut (et dont tu ne me tiendras pas rigueur parce qu'en bon prince charmant tu as le sens de l'humour).

Alors, Michel, fais moi signe *yeux-du-chat-de-Shreck*

 

Vous l’aurez compris cheres collègues, j’ai mis une option sur Michel, mais je vous invite à lire son rapport (ci-dessous) pour vous faire votre propre idée et nourrir votre réflexion sur la place du travail social dans le champ de la laïcité et de la lutte contre les dérives radicales.

 

 

Séverine.

Le rapport de Michel THIERRY : Valeurs républicaines, laïcité et prévention des dérives radicales dans le champs du travail social

La lettre de mission à l'origine du rapport par Marisol Touraine et Ségolène Neuville

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