50 nuances de violences en Service Social
Aujourd’hui dans mon service, dans ce gros service de la DASES-tristesse, un usager qui nous inquiétait depuis plusieurs semaines est passé à l’acte envoyant valser son assistant social, le vigile et les lunettes de la cheffe de service avec.
Au milieu des débris de lunettes, des affiches de la salle d’attente qu’il a fallut décrocher car éclaboussées de sang, il y a les collègues choqués. Le commissariat, situé à 200 mètres, a mis 9 appels et 25 minutes pour envoyer des agents récupérer l’usager-pas-content, bien connu des services de police, et déjà interdit d'autres services. En attendant, tandis que le vigile réalisait une intervention saluée par tous, la solidarité s’est mise à l’œuvre: les collègues avertis ou de passage dans la salle d’attente ont aidé comme ils pouvaient, chacun à leur manière.
Alors que fait la DASES ?
La DASES-justesse, prend toute la mesure du problème.
La DASES-vitesse, a mis en place tout un tas de procédures pour protéger ses agents : des fiches incident aux petites sonnettes d’alarme sous les bureaux en passant par les gentils mails d’encouragement/condoléances/félicitations/remerciements (rayez la mention inutile) des pontes en cas d’évènement majeur.
Mais la DASES-patronnesse, n’oublie pas que ses services sont des services publics, des services de droit commun et qu’à ce titre, ils se doivent de recevoir encore, recevoir toujours. Alors, toi, petit agent, tu te dois de recevoir sereinement cet usager menaçant ++ interdit de service par tous tes partenaires.
Bien évidemment la DASES-largesse, a prévu la possibilité que cet usager soit également dangereux pour ses agents. Au bout de quelques entretiens, insultes, menaces, un ou deux changements de travailleur social (c’est peut-être l’agent le problème / si l’agent est épuisé on peut en épuiser un autre), quelques fiches incident et entretiens avec des responsables (qui, c'est bien connu, n’ont pas peur du tout et ont eu au choix un module ju-jitsu ou krav maga lors de leur formation)… on pourra envisager d’interdire l’usager de service pour …quelques semaines. Chouette.
La longueur de la procédure fait tâche (de sang) au milieu des affiches à thème « stop aux violences conjugales » de la salle d’attente. Au milieu de ses salles d’attente tapissées d’affiches exhortant à se protéger de la violence, la DASES-papesse invite ses agents à tendre l’autre joue.
Alors bien sûr, nous aurons des réunions pour parler ensemble de l’évènement qui a choqué le service, peut-être même une mise à disposition, voire un passage, de la cellule psychologique, il y aura un dépôt de plainte et l’usager-frondeur sera cette fois interdit de service. Nous avons eu l'autorisation de fermer le service quelques heures et nous nous attendons même à recevoir un petit mail compatissant venu tout droit des sommets de la DASES-délicatesse.
Et après ?
Serons nous encore privés de vigile au motif que sa présence dans notre service n’est pas jugée nécessaire comme cela a été le cas cet été ? Nous épuiserons-nous tour à tour en continuant à recevoir Monsieur X, à essuyer ses menaces, ses injures dans l’attente d’un passage à l’acte justifiant son exclusion du service ?
A quand une véritable réflexion à la DASES-sagesse sur les conditions d’accueil du public difficile ? A quand de véritables moyens, humains, matériels, financiers pour améliorer nos conditions de travail, les conditions de réception, l’accueil du public ? Pas pour demain. Il y a d’autres dossiers : fermetures de services, suppression/mutualisation de postes, déploiement d’ISIS, cession des missions de polyvalence au CASVP… En attendant on pourra se réjouir d'une légère augmentation du budget convivialité/pharmacie :
Séverine.